POUR LUI

luxe campagne

Week-end campagne

La campagne, pour moi, c'est un peu mon milieu naturel, chez moi en quelque sorte. Même si maintenant, j'habite en ville et que je ne souhaite pas vivre quotidiennement dans la campagne, ni isolé dans une ferme comme ce que j'ai connu autrefois, ni dans un village dans lequel tout le monde se connaît plus ou moins et où on a des comptes à rendre.

Pour moi, la ville s'oppose à la campagne, mais plutôt d'une manière très complémentaire. Je rêve de cette campagne idéalisée mais concrètement, j'ai choisi de m'installer en ville.

Cette situation est beaucoup plus confortable : je participe à la restauration de cette vieille ferme qui ne vaut rien dans une région isolée, à la restauration mais je devrais plutôt dire à la construction, car les exigences que notre vie urbaine nous donne ne sont plus celles qu'avaient nos parents dans les années 1950-60 n'est-ce pas ?
Il nous faut au minimum une salle de bain, des WC dignes de ce nom, des moyens de chauffer les chambres où l'on va dormir...

Je connais aussi un peu les gens de la campagne pour les avoir fréquenté jusqu'à 18 ans : l'amitié prend un sens différent, le cadeau aussi. Il y a beaucoup plus une notion d'échange que de don. La solidarité fonctionne par contre, beaucoup plus qu'en ville quand on voit des gens que l'on ne connaît pas qui font la manche et qu'on ne peut pas vraiment aider individuellement. Quand un agriculteur à la campagne a un pépin dans sa vie, les autres viennent et lui font ses semailles ou sa moisson. Ils prélèvent parfois de quoi rembourser leurs frais, mais la notion d'entraide est très bien structurée, des barêmes officiels existent dans les chambres d'agriculture pour dire que labourer 20 hectares équivaut à faucher tant d'hectares... etc.

Je vois bien aussi que le temps de la campagne que j'ai connu étant enfant dans les années 1970 est bel et bien révolu. On faisait ce qu'on voulait à cette époque, on n'avait pas de compte à rendre pour semer telle ou telle chose dans son champ, pour enlever cette haie, pour brûler la paille dans un champ...



Une liberté un peu ravageuse ! On faisait de grands feux de joie tout bleu et vert avec les sacs en plastique d'engrais que la coopérative ne récupérait pas une fois vidés dans l'épandeur...
Aujourd'hui, des satellites prennent des photos pour voir si on a bien respecté ses jachères, et hop ! 10 mètres de trop semés en colza et c'est l'amande qui tombe...
Pour le déserbant, il fallait vider le bidon dans la cuve et ensuite mettre de l'eau, et tout se faisait artisanalement. Maintenant, c'est par ordinateur, et toujours par satellite, on observe la couleur de la végétation et le tracteur va distribuer automatiquement des ordres au pulvérisateur pour qu'à un emplacement précis, les doses soient plus fortes car le chiendent y est plus abondant... La grande modernité a fait son entrée dans les campagnes, et si le métier évolue, souhaitons que ça se fasse dans le respect des processus naturels de production. Je n'aime pas l'élevage hors sol, les poulets en batteries, les angrais "après moi le déluge", les pesticides qui laissent des traces pour les générations futures dans les eaux qu'on boit... La course à celui qui aura le plus gros tracteur climatisé avec une sono de DJ-Hype, et les prix de production tenus à bout de bras par les subventions.

Il y a 20 ans, le maquignon achetait la viande plus cher qu'aujourd'hui, et le blé valait lui aussi plus cher, même en chiffres absolus, sans tenir compte de l'inflation !
Comment s'en sortir quand c'est l'état qui paye pour que le paysan puisse continuer à vivre de son travail dans nos pays, plus fonctionnaire que le prof agrégé maintenant... Je n'ai pas la solution bien-sûr qui ne doit pas être simple. Il ne faudrait pas non plus nuire au petit producteur à l'autre bout du monde dont on cause la perte sans le vouloir et sans parfois le savoir.

Je pense cependant que le vrai luxe est à la campagne, et qu'il faut aussi l'idéaliser et la rêver pour qu'on puisse arriver à en faire quelque chose de préservé, de la pollution, évidemment, mais aussi du toujours plus vite, toujours plus, sans marketing, avec ce que j'appelle l'authenticité, ce qui signifie pour moi une vision plus juste et raisonnée de la vie à la campagne. Pour celà le rêve est important.

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